mardi 16 avril 2013

Système solaire : Saturne

Affiche « Saturne »  |  27" × 43", impression digitale




Voici le nouveau membre de la série d'affiches ayant comme thème les planètes principales du système solaire : Saturne, le joyau de notre système.

Cette image est un montage assemblé à partir d'une photographie à haute résolution prise par la sonde Cassini et d'une photographie à très haute résolution de la Voie lactée prise par l'European Southern Observatory (ESO).

Archetype Sans : petite histoire d'une police de caractères aux visages multiples





Vous avez probablement déjà vu ce type d'image ; il en existe plusieurs variations, toutes générées selon les mêmes principes. Prenez quelques centaines de photographies d'individus, et superposez-les en appliquant une valeur élevée de transparence sur chacune d'entre elles. Si le cadrage et les proportions sont similaires pour toutes les images, une image apparaîtra, semblable à celles du haut.

On y verra un visage anonyme, sans âge précis ni défaut apparent, et doté d'une indéniable élégance rappelant la beauté des sculptures classiques de la Grèce antique. Dans cet exemple, l'expérience fut effectuée avec des photographies de femmes de même nationalité, et le résultat nous montre un portrait typique du pays d'origine.

La National Geographic a aussi tenté l'expérience, mais cette fois avec des milliers de photographies d'hommes de toutes les nationalités du monde. Voici, selon eux, l'homme le plus typique de la Terre :



Ses traits nous indiquent nettement qu'un fort pourcentage de la population actuelle de notre planète est d'origine asiatique, ce que le caucasien en moi a souvent tendance à oublier.

Et qu'est-ce que tout ça a à voir avec une police de caractères ? J'y arrive, soyez patients. Le terme anglais pour police de caractère, ou police d'écriture, est typeface. Type et face, littéralement, le « visage d'une lettre », ce qui est, à mon humble avis, plus élégant que son équivalent français, « police », qui tire son origine de la liste des caractères disponibles pour une fonte spécifique utilisée par les typographes de l'époque pré-informatique.

S'il est possible de générer ces images à partir de visages humains, il devrait donc être possible de faire le même exercice avec des « visages de lettres » pour obtenir un aperçu de la forme la plus typique du « visage » d'un alphabet donné... Voilà donc pourquoi je tentai l'expérience, avec des résultats plutôt inattendus.

Tout d'abord, j'ai jugé préférable de restreindre le choix des polices à une seule famille, soit sans serif, ou sans. Lorsque l'échantillonnage présente trop de variations, le résultat final est imprécis. Il serait donc inutile de superposer, par exemple, des cursives sur des serif. Ensuite, j'ai sélectionné une centaine de polices de caractères parmi les sans serif (les classiques comme Helvetica, Univers et Futura, et les plus récentes comme Myriad, Arial et Gotham), et ai fait un premier essai avec la lettre A en superposant le tout en transparence dans Illustrator.

Un A flou.

Un A flou, résultant de la superposition de cent polices différentes. Mais qui peut être mieux défini en modifiant la luminosité et le contraste de l'image.

Un A mieux défini.

Le A sans serif typique. L'archétype du A sans serif. Ses angles arrondis trahissent son origine nébuleuse, mais ses proportions sont parfaites.


Si on applique la même méthode à l'ensemble des caractères, tous les glyphes sont nettement définis, et les graisses, à part quelques exceptions, sont uniformes et correctement distribuées. La base idéale pour une fonte.


Les contours sont tracés avec Illustrator, puis importés dans FontForge et assemblés en fonte de format OpenType. C'est une tâche ardue, mais le résultat en vaut la peine.


Voici la version beta de deux des membres de la famille Archetype Sans, Roman et Medium. D'autres suivront, mais beaucoup de travail reste à faire avant d'avoir une version finale de ces deux variantes.

J'adore l'élégance de cette police. Elle est classique, simple et sans prétention. Elle n'a qu'un seul défaut : celui de ne posséder aucune particularité. Pas étonnant, quand on connaît son origine.

Elle n'a pas été créée par un concepteur, elle est apparue parce qu'elle a toujours existé.


lundi 15 avril 2013

Système solaire : Jupiter

Affiche « Jupiter »  |  27" × 43", impression digitale







J'ai entrepris récemment la réalisation d'une série d'affiches grand format (27" × 43") ayant comme thème les planètes principales du système solaire ; voici la première de cette série, inaugurée majestueusement par nulle autre que Jupiter.

Cette image est un montage assemblé à partir d'une photographie à haute résolution prise par la sonde Cassini en décembre 2000 lors de son survol de Jupiter et d'une photographie à très haute résolution de la Voie lactée prise par l'European Southern Observatory (ESO). L'utilisation d'images à haute résolution donne au produit final une précision phénoménale.

Cette affiche est disponible sur commande en contactant l'auteur.

dimanche 14 avril 2013

Un point bleu pâle : considérations éthiques sur la « restauration » d'une image classique

« Un point bleu pâle » en version originale.


Le 14 février 1990, la NASA commanda à la sonde Voyager 1 qui avait terminé sa mission primaire, de se retourner et de photographier les planètes qu'elle avait visitées. La NASA compila 60 images de cet évènement unique en une mosaïque du système solaire (connue sous le nom de « Portrait de famille »).

Une des images que Voyager renvoya était celle de la Terre à 6,4 milliards de kilomètres. C'est cette image granuleuse que vous voyez ci-haut dans sa résolution originale, qui fut poétiquement appelée « Pale Blue Dot » en anglais, et « Un point bleu pâle » en français. Oui, ce minuscule point bleu se trouvant à droite de l'image, c'est bien la Terre.

« Pale Blue Dot » est aussi un livre inspiré par cette photo, écrit en 1994 par Carl Sagan, où il décrit cette image en ces termes :
« Regardez encore ce petit point. C'est ici. C'est notre foyer. C'est nous. Sur lui se trouve tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. Toute la somme de nos joies et de nos souffrances, des milliers de religions aux convictions assurées, d'idéologies et de doctrines économiques, tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations, tous les rois et tous les paysans, tous les jeunes couples d'amoureux, tous les pères et mères, tous les enfants plein d'espoir, les inventeurs et les explorateurs, tous les professeurs de morale, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l'histoire de notre espèce ont vécu ici, sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil. »
Un grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil. Une magnifique image qui donne une toute autre perspective à la vie, à l'Univers, et au reste.

Une magnifique image, certes, mais de mauvaise qualité. Sa taille originale est de 600 × 442 pixels, ce qui est minuscule si la compare aux multiples mégapixels de nos appareils contemporains les plus rudimentaires. Mais il faut prendre en considération les 6,4 milliards de kilomètres parcourus à la vitesse de la lumière par chacun de ces pixels pour mieux apprécier le tour de force que représente cette image, si petite soit-elle.

Et même si la photographie fut prise avec le filtre le plus sombre et le temps d'exposition le plus court possible (5 millisecondes) pour éviter de saturer le tube vidicon de la caméra avec la lumière du Soleil, le résultat est granuleux et surexposé.

C'est en ruminant sur les limitations techniques de l'époque que me vint l'idée de tenter de remédier à ce problème. Il serait relativement simple d'améliorer la netteté, la résolution et la luminosité de l'image avec mon fidèle Photoshop pour en faire, par exemple, une affiche grand format ou un fond d'écran. Mais jusqu'où exactement peut-on modifier ou altérer une image historique comme celle-ci sans trahir son essence première, son authenticité, sa substantifique moelle ?

La grande majorité des images astronomiques fournies par les diverses agences spatiales aux médias sont manipulées avant d'êtres publiées. Un peu plus de contraste par çi, un peu moins de luminosité par là, et on recadre le tout... Certaines d'entre elles sont transmises en teintes de gris par les satellites pour être colorées par la suite par des spécialistes, et d'autres sont entièrement recolorées afin de mettre en évidence un quelconque phénomène. Bref, à moins de fréquenter les sites d'archivage des agences spatiales donnant accès aux images brutes prises par les diverses missions en cours, le commun des mortels voit rarement les images astronomiques sans que celles-ci ne soient « améliorées » au préalable.

Seulement voilà. « Un point bleu pâle », l'image qui se trouve en haut de cette page, n'a jamais été altérée. Ce que vous voyez est exactement ce que la sonde Voyager nous a transmis, pixel pour pixel. Elle est peut-être de mauvaise qualité, mais ce défaut lui donne une puissance supplémentaire. Parce qu'un des grains de cet effet de diffraction optique, celui qui est légèrement plus pâle que les autres, c'est notre planète.

J'étais donc bien conscient du fait que toute tentative de restauration ou d'amélioration de cette image serait vaine, car la vraie beauté de cette image, son sens profond, réside dans son imperfection initiale. Mais comme j'étais curieux de voir le résultat, je tentai tout de même l'expérience en limitant au maximum le nombre d'altérations afin de rester le plus près possible de l'original. Après plusieurs tentatives et quelques heures de manipulation de layers, transparence, filtres et tutti quanti, voilà qu'apparaît cette image qui, ma foi, n'est pas dénuée de charme.

« Un point bleu pâle » en version « restaurée ».


Aucun pixel n'a été enlevé ou ajouté. Tout ce qui se trouve dans cette image était sur l'original ; le seul compromis auquel j'ai dû me soumettre fût d'appliquer un filtre de flou gaussien sur les rayons en arrière-plan pour éliminer la granulosité, ce qui eût aussi pour effet de réduire la netteté des rayons. Mais comme ces derniers sont des artéfacts causés par les lentilles de l'objectif, j'ai jugé qu'il valait mieux conserver leurs splendides couleurs prismatiques que d'insister sur leur forme exacte, qui est arbitraire.

L'image a aussi été considérablement agrandie (à plus de 2500 pixels de hauteur), ce qui offre la possibilité d'en faire une affiche imprimée grand format sans crénelage, ou encore un fond d'écran à haute résolution.

J'aime bien le résultat final, qui est techniquement supérieur à l'original, mais un doute subsiste... « Un point bleu pâle » est une image unique, historique. Elle est la Joconde des photographies astronomiques. Peut-on réellement la modifier, si légèrement soit-il, sans réfléchir aux conséquences éthiques d'un tel acte de lèse-majesté et risquer de subir les foudres des puristes qui ne manqueront pas de s'offusquer ? Peut-être pas, après tout. Qu'en pensez-vous ?

Mais si l'envie vous prend d'en faire un fond d'écran, libre à vous d'utiliser cette version recadrée et redimensionnée à 1900 × 1200 pixels.

« Un point bleu pâle » en version fond d'écran (1900 × 1200).


Parce qu'il est parfois préférable d'admirer les splendeurs que nous offre l'Univers, et de laisser de côté les considérations éthiques.

vendredi 12 avril 2013

Mais qu'est-ce qu'un pataquès?




pataquès
/pa.ta.kɛs/

(1784)  Déformation de la phrase « Je ne sais pas à qui est-ce », devenue « Je ne sais pataquès ».

L’origine de ce mot la plus souvent rapportée est celle dont fait état Gilles Henry dans son Petit dictionnaire des expressions nées de l’histoire (Paris, Taillandier, 2003), où on lit l'anecdote suivante :

« Un soir, au théâtre, un jeune homme est installé dans une loge, à côté de deux femmes du demi-monde peu discrètes et encore moins cultivées mais qui veulent se donner l’air de parler le beau langage en faisant des liaisons. Un éventail tombe à terre. Le jeune homme le ramasse et dit à la première :
« - Madame, cet éventail est-il à vous ?
« - Il n’est point-z-à moi.
« - Est-il à vous, demande le jeune homme à la seconde ?
« - Il n’est pas-t-à moi.
« - Il n’est point-z-à vous, il n’est pas-t-à vous, mais alors, je ne sais pas-t-à-qu’est-ce ? »

Cette définition est une gracieuseté du Wiktionnaire.